La lutte féministe en occident, en 2021, a-t-elle sa raison d’être ?
Quiconque a déjà mentionné être féministe a sûrement déjà reçu un ou deux commentaires plutôt désobligeants du genre : « ah ouais, alors tu vas brûler des brassières ? » ou encore « ah, donc tu es le genre de personne qui met la faute de tous les problèmes sur la société patriarcale ? ».
L’image des femmes américaines qui ont protesté en brûlant leurs brassières, ou encore celles des Femen, ce groupe de féministes radicales qui manifestent poitrine à découvert, a beaucoup marqué l’imaginaire et l’opinion du public face au mouvement. Tellement, que cette image teinte encore la perception de ce qu’EST le féminisme. Au départ, la lutte féministe était portée par les femmes blanches, éduquées et provenant de milieux plus nantis. Elles ont lutté pour une égalité juridique et politique des femmes, pour la reconnaissance de droits qui étaient accordés, à l’époque, seulement aux hommes. Les femmes d'alors avaient essentiellement le statut juridique d’un enfant, et passaient de la tutelle de leur père à la tutelle de leur mari. Il leur était alors impossible d’ouvrir un compte en banque seule, pour ne donner qu’un seul exemple.
Mais au fur et à mesure que les femmes se sont vu accorder ce statut juridique identique, plusieurs stigmas ont perduré. Les discriminations envers les femmes ne sont donc plus aussi évidentes et visibles, mais perdurent de manière plus insidieuse.
La GRC a récemment annoncé la signature d’une entente avec l’organisation Pauktuutit Inuit Women of Canada afin de s’attaquer à la violence envers les femmes inuites. Voilà un exemple parfait de l’importance et de la pertinence de la lutte féministe en 2021. Parce que si le fait d’être femme n’est plus, en soi, vu comme une condition d’infériorité dans les sociétés occidentales, il reste qu’être femme et autochtone représente une situation où, comparativement à être homme et autochtone, il demeure plus de cas d’oppression.
Vers l'intersectionnalité
Le principe sous-jacent, et duquel s’est saisi le féminisme, est celui de l’intersectionnalité. Ce dernier désigne la situation où une personne vit simultanément plusieurs formes d’oppression, de discrimination ou de domination. Ainsi, malgré les acquis par diverses causes et mouvements sociaux, des brèches doivent toujours être colmatées pour les personnes qui vivent à l’intersection de ces diverses formes d’oppression. Ces dernières ne sont pas nécessairement protégées par les politiques et mesures non discriminatoires adoptées en société.
L'intersectionnalité désigne la situation où une personne vit simultanément plusieurs formes d’oppression, de discrimination ou de domination.
La lutte féministe s’est donc élargie pour intégrer plusieurs autres formes d’oppression vécues par les femmes, pour donner lieu, enfin, AUX féminismes.
L'organisation a émis le rapport Contrer la violence fondée sur le sexe à l’égard des femmes inuites: un examen des politiques et des pratiques policières dans le Nunangat inuit, qui donne effectivement un aperçu bien tragique du fait d’être femme et autochtone à la fois : les femmes inuites du Nunavut sont 13 fois plus souvent victimes de violence que le reste des femmes du Canada, en plus d’être 12 fois plus à risque d’agressions sexuelles que les femmes québécoises.
Suite à ce rapport, donc, la GRC s’est engagée à prendre des mesures concrètes pour s’attaquer à cette problématique. En effet, l’entente prévoit appliquer plusieurs recommandations qui avaient été proposées dans ledit rapport. Ainsi, la GRC prévoit entre autres de former ses policiers en matière de sensibilité culturelle, assurer un temps de réaction écourté et une meilleure connaissance de la langue et de la culture inuite, afin de renforcer les liens de confiance entre les communautés et les policiers.
Il s’agit donc d’une entente porteuse d’espoir et d’un pas dans la bonne direction pour mieux répondre aux défis auxquels peuvent faire face les femmes inuites, qui vivent vraisemblablement des formes d’oppression bien uniques à leur situation.
Pour aller plus loin…
Paru le mardi 2 février 2021