Festival Cinéma du monde de Sherbrooke (1/2)

Par Alexandre Leclerc

Après l’annulation du Festival Cinéma du monde de Sherbrooke (FCMS) à quelques semaines de sa tenue, l’organisation s’est renouvelée en proposant quelques films de sa programmation dans une édition virtuelle. Avec cinq films de fiction, cinq documentaires, un film d’animation jeunesse, quelques courts-métrages, un Ciné-Moi et une conférence, on a droit à une proposition assez variée de thématiques qui saura plaire à tous et à toutes. Le présent article propose une brève critique des longs métrages documentaires et de fiction, question de vous inciter à découvrir quelques films avant la fin du festival!

Longs métrages de fiction 

Cleo 

Image de l'affiche publicitaire du film Cleo

On a beaucoup comparé ce film au Fabuleux destin d’Amélie Poulain, et avec raison, puisque c’est un film qui déborde de créativité. Chaque plan est original, surprenant et amusant. Sa mise en scène m’a beaucoup fait penser à Les chatouilles, qui a remporté le Cercle d’Or l’an dernier au FCMS. Le ton est naïf, certes, mais il fonctionne un peu moins que celui d’Amélie, puisque la force de ce dernier réside dans la confrontation entre ce monde imaginé et la réalité crue. Dans Cleo, la quasi-totalité des personnages est partie intégrante de cet univers féérique où l’histoire allemande est mise de l’avant. 

Le film a aussi de la difficulté à cerner son auditoire. Si c’était un film pour enfant (ce qu’il n’est pas, à mon avis), il aurait été remarquable, surtout en raison de sa forme atypique. Un film pour adulte aurait quant à lui eu de la difficulté à de différencier suffisamment d’Amélie. Erik Schmitt a opté pour un entre-deux, qui ne saura pas pleinement satisfaire ces deux publics. C’est une occasion manquée, selon moi, mais Cleo vaut assurément le détour, ne serait-ce que pour vous démontrer l’étendue des possibilités visuelles que le cinéma peut offrir. 

Joel 

Image de l'affiche publicitaire du film Joel

Carlos Sorin nous propose un film tout en douceur avec Joel. C’est une histoire très sensible et humaine que ce récit d’adoption. Il ne s’y passe pas grand-chose, certes, et la structure du film est très classique. Pourtant, ce film néo-réaliste nous invite à réfléchir sur certaines notions de parentalité sans porter de jugement. Si le film porte le nom de l’enfant adopté, ce sont pourtant les parents, et surtout la mère, qui sont mis au centre du récit. Joel nous plonge dans la réalité d’une famille aisée du sud de l’Argentine (étrangement similaire à celle du Canada) qui fait fasse à l’opposition des membres d’une communauté à ce que le jeune Joel intègre l’école du village. 

Le film contient son lot d’injustices, sans toutefois verser dans le mélodrame ou le sensationnalisme. Dans les mains d’un réalisateur moins expérimenté, le film aurait pu être banal. Mais il est mené d’une main de maître par l’Argentin chevronné et son duo d’acteurs qui offre une performance sublime (surtout en ce qui concerne Victoria Almeida).  

 

*La Vie invisible d’*Euridice Gusmao 

Image de l'affiche publicitaire du film La vie invisible

Il est difficile de ne pas avoir d’attentes envers ce film qui a gagné le prix Un Certain Regard à Cannes. Malgré ses quelques longueurs, il s’agit du meilleur long métrage de fiction de la programmation. Cette histoire de deux sœurs que le destin semble vouloir séparer est très émouvante, en grande partie en raison de l’approche sensible du réalisateur Karim Aïnouz et des incroyables performances de ses deux actrices principales Carol Duarte et Julia Stockler.  

Il est vrai que le film qui prend bien peu de risques. Toutefois, il exécute à perfection tout ce qu’il tente, ce qui donnera au film un attrait à la fois universel et intemporel. On ne peut s’empêcher d’être frustré envers tout ceux et celles qui veulent empêcher leur retrouvaille, et c’est un film qui nous fait réfléchir sur les occasions ratées de la vie. Les deux sœurs ont une vision romantique et remplie d’espoir envers la vie de l’autre, mais la dure réalité en proposera une version beaucoup plus triste. La vie invisible (ou rêvée) d’Euridice Gusmao, c’est à ne pas manquer. 

 

The Body Remembers When the World Broke Open 

Image de l'affiche publicitaire du film The body remembers when the world broke open

Cet autre film néo-réaliste de la programmation est mon coup de cœur du festival. L’authenticité est au sein de son fond comme de sa forme. Tourné en de longs plans-séquence, il est porté à bout de bras par les deux actrices principales Violet Nelson et Elle-Máijá Tailfeathers (également co-réalisatrice et co-scénariste du film). Ce touchant récit de violence conjugale est très humain et saura vous émouvoir. Tout y est sobre et doux, contrastant avec la lourdeur des thématiques abordées. 

Le film nous incite à être un observateur silencieux de cet événement qui chamboulera la vie des deux femmes. On ne se montre pas alarmiste ni vengeur. On souhaite plutôt faire ressortir l’empathie et l’écoute, en plaçant la victime au centre des préoccupations. Le dénouement de l’histoire pourrait soulever quelques frustrations, mais il représente plus la norme que l’exception dans ce genre de situation, malheureusement. Il est pour la violence conjugale ce que Never Rarely Sometimes Always (récemment primé à Sundance) est pour l’avortement. Ce film agrippera les amateurs et amatrices de drames sociaux poignants, et vous proposera des pistes de solutions si vous êtes victimes ou connaissez quelqu’un qui est victime de ce genre de situation. 

 

Transit 

Image de l'affiche publicitaire du film Transit

Ce film de Christian Petzold se situe dans une réalité alternative (mais pas très loin de la nôtre) où l’Europe – la France dans ce cas-ci – est prise d’assaut par des régimes totalitaires fascistes. C’est un film qui m’a un peu déçu en raison de sa construction déficiente. Il est long démarrer, et ne prend véritablement de sens que dans la seconde moitié du film, où là quelques surprises viennent parsemer le récit. Franz Rogowski livre une très bonne performance (il vous fera penser à Joaquin Phoenix, autant dans son physique que son interprétation), tout comme Paula Beer, qui est malheureusement trop peu présente dans le film.  

Transit possède son lot de mystères et prend le plus longtemps possible avant de se dévoiler. Le problème est qu’il m’a laissé sur ma faim, ou plutôt dans une certaine indifférence face à ses personnages. Le message du film est assez clair en nous invitant à s’inspirer du passé pour ne pas refaire les mêmes erreurs, mais c’est une approche qui devient de plus en plus saturées dans le cinéma des dernières années. Il s’apprécie très bien comme une histoire d’amour atypique en temps de guerre, mais offre peu à se mettre sous la dent autrement. 

Partie 2 de l'article ICI.

Pour consulter des critiques complètes des films de la programmation du Festival Cinéma du monde de Sherbrooke, visitez le site de Ciné-histoire.

Paru le mercredi 24 juin 2020

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